Régimes spéciaux, négocions !

Publié le par Jean-Louis Malys

le 24/10/2007
La journée d’action du 18 octobre des salariés bénéficiant d’un régime spécial de retraite a été très largement suivie, et c’est normal. En effet, la CFDT n’oppose pas action et négociation. Il était donc légitime que ces salariés expriment leur inquiétude tant la question de la retraite, justement du fait de ces régimes spéciaux, constitue pour chacun d’eux un élément central de son contrat de travail.
Le caractère dit “ spécial ” de ces régimes de retraite a permis aux directions de justifier une sorte de “ donnant-donnant ” corrigeant ici les pénibilités, compensant là des horaires atypiques ou encore ailleurs justifiant des rémunérations ou des pensions parfois basses. Mais voilà, tous les autres salariés du privé, puis du public, ont vu leur durée de cotisation portée à quarante ans. Or, dans un système de retraite par répartition, la solidarité intergénérationnelle doit peser bien davantage que les seules logiques statutaires, professionnelles ou catégorielles. Les régimes de retraite ne sont pas imperméables les uns par rapport aux autres, et c’est au final les actifs, tous les actifs d’aujourd’hui, qui financent les retraites, toutes les retraites d’aujourd’hui. C’est le principe même de la répartition et ceux qui prétendent la défendre ne peuvent pas éluder cette question d’équité et de solidarité !
Nous l’avons écrit dans la résolution du congrès de Grenoble : la CFDT est favorable à l’harmonisation de tous les régimes de retraite car, hors les questions d’espérance de vie et de pénibilité qui doivent enfin être prises en compte partout, chaque salarié du privé comme du public doit avoir la même chance de bénéficier d’une retraite correcte après une vie de travail.
Bien évidemment, cet objectif d’harmonisation ne peut pas être atteint du jour au lendemain tant les histoires de ces différents régimes – privés, publics ou spéciaux – ont structuré d’autres aspects du contrat de travail (intégration ou non des primes, niveau de cotisation et de retraites, périodes de référence, âge de départ et déroulement de carrière, etc.) Voilà pourquoi, entre le refus suicidaire et égoïste de toute réforme et un alignement imposé et brutal, il existe de vraies marges de manœuvre que les salariés concernés doivent saisir pour, par exemple, poser la question des polypensionnés, celle de la pénibilité, celle du montant des pensions, etc. C’est le sens de nos différentes rencontres avec le ministre et du courrier que nous lui avons adressé le 18 octobre.
Dans le dossier des retraites, sur les régimes spéciaux comme pour le rendez-vous de 2008, que chacun en soit persuadé, la CFDT restera elle-même. Elle refusera les surenchères et les postures prétextes à l’immobilisme. Mais qu’on ne s’y trompe pas, pour l’un comme pour l’autre, nous serons capables de négocier mais aussi d’agir…

Publié dans Dossiers

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